Paris 1920: la folie de l’ avant-garde

Publié le : 28 juillet 20206 mins de lecture

Picasso, Dalì, Modigliani:
entre les deux guerres, la ville
était un foyer de mouvement
et de créativité.

Avant l’arrivée de New York et de l’Amérique dans les années 1950, Paris était la capitale de l’art du XXe siècle. La Ville Lumière entre les deux guerres était une sorte de terreau de mouvements et d’idées, a vu des artistes du monde entier se précipiter pour comprendre les nouvelles formes et les nouveaux langages que Picasso, Ray, Léger, Modigliani Dalí expérimentaient. L’exposition «Les années folles» est consacrée à ce creuset de créativité incontournable, qui met en valeur la ville nombril de l’avant-garde artistique et littéraire entre retours à l’ordre, héritage cubofuriste, art abstrait et surréalisme (les mouvements qui ont marqué le «siècle court Après les années 1930, ils ont vu les «ostracismes opposés» du nazisme et du stalinisme).

Pour tout raconter, c’est une exposition intelligente de choix et de combinaisons, organisée au Palazzo dei Diamanti par Simonetta Fraquelli, Susan Davidson et Maria Luisa Pacelli. Un total de 90 vitrines de peintures, sculptures et photographies sont exposées. Quelques photos d’époque, qui accompagnent les essais d’introduction, illustrent l’esprit sous-jacent. Parmi ceux-ci, on retrouve Silvia Beach et James Joyce dans le secrétaire de la bibliothèque «Shakespeare and Co.», avec des affiches de conférences sur le «scandale Ulysse» (l’œuvre de l’écrivain irlandais a marqué la littérature des années 1900 tout comme les œuvres de Picasso & C. ont marqué leur art) ou la tour Eiffel nocturne, avec des spirales mobiles et des marques Citroën, à l’occasion de l’Expo des Arts Décoratifs en 1925. Il y a aussi les intérieurs de la maison du marchand Léonce Rosenberg avec les peintures de De Chirico et Savinio et Chessboard de Man Ray, 20 portraits d’artistes et d’écrivains surréalistes sur fond blanc et noir. Nous sommes en 34, un an avant les pannes internes du groupe suite à la dénonciation du stalinisme par Breton et Eluard. Enfin, il y a le magnifique portrait de profil de Picasso réalisé par Cecil Beaton en 1933 dans sa maison de la rue de La Boétie, avec le fond doux d’un tableau de Bagnante di Renoir.

L’exposition s’ouvre avec deux grandes peintures de survivants anciens, La source de Renoir et Le pont japonais à Giverny de Monet. Comme pour témoigner de leur influence sur les artistes à venir. La première salle présente au dos deux Nus couchés opposés de Modigliani et Foujita, véritables signes et emblèmes des folies de Montparnasse. Ils verrouillent au centre la verticale du Studio de Montparnasse di Nevinson de 1926, de la Tate Gallery. Autour de ces pierres angulaires se trouvent des œuvres pas toujours du même niveau de qualité. L’élan déco du Kisling Redhead, avec la surprise déchirichienne de la silhouette mi-noire derrière le rideau par derrière, l’emporte facilement sur l’habituelle Tamara de Lempicka, qui était aussi une star de l’époque. Le garçon de Modigliani avec un pantalon court de Dallas, le garçon de l’autel de Soutine,

L’alternative entre l’héritage cubiste des maîtres et des «puristes» et la naissance de l’abstraction est alors mise en évidence, avec d’excellents choix de qualité. D’une part, la guitare, le verre et le bol de fruits de Picasso de 1924 de Zurich, le chef-d’œuvre de Braque La table ronde de 1928 de Copenhague, les excellents choix de Léger et Gris, l’élégance architecturale puriste des tableaux d’Ozenfant et Le Corbusier. De l’autre, deux Mondrian typiques de 1922 et 1926 sont combinés avec la surprise supplémentaire d’une toile Calder de la Calder Foundation à New York.

La salle dédiée aux concessions du Dansmuseum de Stockholm, du nom de Rolf de Maré, l’héritier de Diaghilev créateur des Ballets suédois en 1920-25, est d’un grand charme scénique, avec des croquis de scène et des costumes de Léger, et des costumes de Larionov, Matisse et De Chirico. La partie photographique est tout aussi fascinante, avec son croisement entre la tradition de l’objectivité documentaire et sociale du monde urbain et l’innovation de la subjectivité expérimentale de l’opérateur aussi: le Paris d’Atget, de Kertész avec des lunettes et de la pipe de Mondrian de 1926, de Krull, de Bing, de Man Ray.

La partie suivante exalte le contraste, mais aussi le profond malaise qui existe dans la nouvelle plasticité du «retour à l’ordre» post-avant-gardiste. Nous avons donc les deux Maternités Picasso de 1921, les Deux figures mythologiques fondamentales de De Chirico de 1927, deux Derains de 1923 et les oeuvres de Duchamp de 1919-21, avec les remakes de 1974, et Obstruction des cintres de 1920 par l’homme Ray, également refait en 1964. Ces icônes du transfert de Dada de Zurich, en Allemagne et New York à Paris, ouvrent la voie au dernier chapitre consacré au surréalisme. Les choix sont à juste titre limités entre la fin des années 1920 et le début des années 1930: d’Arp à un beau Dalí de 1935, avec la juste primauté picturale d’Ernst, Miró, Masson, Magritte et un beau bronze de Donna Spetti de Giacometti de 1926.

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