L’oeuvre de Goya à travers une collection de gravures.

Publié le : 16 octobre 20206 mins de lecture

Le sommeil de la raison engendre des monstres fait partie de la collection de quatre-vingts gravures intitulée : Capricci, une métaphore créée par Francisco Goya où l’artiste invite les hommes à ne pas perdre le contrôle de leur intellect. Parmi ces gravures figure le dessin réalisé par l’artiste espagnol en 1797, mesurant 21,6×16,2, conservé à la Bibliothèque Nationale d’Espagne à Madrid.

Le sommeil de la raison engendre des monstres : description de l’œuvre

L’ouvrage examiné est la fiche 43 de la série publiée en 1799. Cette œuvre représente l’un des travaux les plus célèbres. Dans le dessin du centre, on voit un homme qui dort la tête dans les bras sur un meuble. Une gravure a été réalisée sur ce meuble et l’inscription : « Le sommeil de la raison engendre des monstres ». D’où le titre de l’œuvre.

Derrière l’homme endormi se cachent des chouettes, des chauves-souris, des chats et d’autres animaux sans que l’on puisse apercevoir le moindre détail. Ce sont tous des animaux nocturnes.

Interprétations

Trois manuscrits ont donné lieu à l’interprétation de cette gravure. Ce serait l’auteur lui-même, Goya, qui dort. La foule d’animaux derrière lui représenterait le fruit de son imagination. Bref, pendant son sommeil, la raison se perd et des monstres se créent.

Selon ces trois documents, à la base de la création existe le fantasme qui, s’il fonctionne sans raison, crée et donne vie à des éléments irréels. Ce travail cache une question philosophique beaucoup plus complexe. L’auteur invite à la réflexion sur le mal qui affecte la société de son temps. La raison représente la véritable essence de l’homme, qui le distingue des autres êtres vivants. Sans le contrôle de l’intellect, le monde serait submergé par des pulsions violentes et indomptables.

Autres œuvres de la série

Parmi les œuvres des 80 planches figure également « Les désastres de la guerre », où l’artiste espagnol a représenté avec une grande intensité la dure et triste réalité de la guerre d’indépendance de l’Espagne. Un témoignage des désastres causés par la guerre est resté comme un témoignage grâce à son art. Cette collection de gravures est restée inédite jusqu’en 1863, date à laquelle elle a été publiée pour la première fois, vingt ans après la mort de l’auteur.

Il a été réalisé par Goya en fait entre 1810 et 1812, les années dites de la faim. Une œuvre avec laquelle le peintre espagnol exprime et met en évidence l’échec des idées. Les œuvres que l’artiste a peintes en direct pendant la révolte du peuple espagnol contre l’occupation de Napoléon. Il représente les sentiments, met en évidence son état d’esprit, décrit – en même temps – les temps qu’il vit. Un art, une poésie des images, où l’artiste se remet en question et libère l’esprit avec un sens critique en analysant la réalité qui l’entoure. Elle va au-delà de l’apparence, elle reste authentique et originale.

Avec son art, Francisco Goya parvient à séduire tout le monde : les nobles lui commandent des portraits, qui sont une source de revenus pour l’artiste. Son art ne se limite pas au siècle des Lumières, mais anticipe l’époque en s’ouvrant au romantisme et au réalisme.

Peintre de talent, Francisco Goya (1746-1828) est également un graveur de renom. Son œuvre gravé compte à ce jour 286 pièces dont les célèbres suites des Caprices ou de la Tauromachie. Tout au long de sa carrière l’artiste s’est adonné à l’art de la gravure. Il appris d’ailleurs, très jeune,  les principes du dessin en copiant les estampes de la collection de son maître José Luzan. Fasciné par les différentes techniques de l’estampe, il réalise sa première gravure en 1774, La Fuite en Égypte, à l’âge de 28 ans. Quelques années plus tard il entreprend de reproduire, par la gravure, les tableaux de Velasquez accrochées dans les salles du Palais Royal de Madrid. C’est probablement à cette occasion qu’il se confronte à la technique de l’aquatinte dans le but d’obtenir l’effet d’un lavis, plus adaptée pour le rendu des différentes valeurs en peinture. Mais cette technique demande beaucoup de maîtrise et ses gravures ne sont pas abouties. C’est avec la série des Caprices en 1799 que Goya parvient à la maîtrise parfaite de l’aquatinte. Dans cette série de 80 planches, le graveur dénonce les erreurs et les vices humains sans toutefois tomber dans le ridicule ou l’humiliation de ses personnages. Une série qui semble trouver son origine dans les croquis et petites scènes intimes réalisées par le peintre bien des années plus tôt. Goya réalise alors, pour cette série, des dessins à la plume, au crayon et au lavis, qu’il transfert sur le cuivre à graver. Les effets de lavis sont restitués par la gravure en aquatinte, le crayon et la plume par l’eau-forte au trait et parfois la pointe-sèche.

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